Voici ce qu’Alain Rey dit sur ‘homophobie’ :
Prenez homophobie par exemple, le mot est tout à fait admis maintenant…
C’est encore pire au point de vue de l’analyse, car “homo” veut dire “même” donc ça voudrait dire “haine du même” sauf que ce n’est évidemment pas le sens du mot “homophobie”. Dans ce cas, on a utilisé un procédé fréquent en anglais, on coupe les mots. En France, on imite ce procédé comme pour “handisport”, ce n’est pas le sport des mains, mais des handicapés. L’abrègement du mot “homosexuel” a donc donné “homophobie” plutôt que “homosexualitophobie”. Musulmanophobie n’a pas eu de succès, car il est un peu trop long.
Il est également contre le mot islamophobie :
Pourquoi n’en est-on pas resté là comme vous dites?
Vous avez des “islamophobes” qui sont des défenseurs de la laïcité qui critiqueraient tout aussi bien le judaïsme ou le christianisme et vous avez des “islamophobes” qui sont contre la population maghrébine installée en France. Le mot a dérapé dès le départ et il devient complètement faux. Ce serait la même chose si on parlait de “christianophobie” ou de “judéophobie”.
Est-ce pour cela qu’on a inventé le terme “antisémitisme”?
L’antisémitisme, ça ne va pas vous étonner, c’est un emprunt à l’Allemand “antisemitismus”. C’est une façon détournée d’être hostile non pas à la religion judaïque, mais aux juifs. C’est une façon de déguiser le racisme et de le diriger vers une communauté très précise. Alors que dans le mot “antisémitisme”, on serait contre la culture sémite, c’est à dire aussi contre les Arabes qui ont une langue sémitique.
À réfléchir.