La prière est une question « de vie ou de mort » a déclaré Benoît XVI ce dimanche, à l’angélus de midi, depuis la fenêtre de son bureau place Saint-Pierre.
Et le pape répond à une objection courante en disant : « Prier ne signifie pas s’évader de la réalité et des responsabilités qu’elle comporte, mais les assumer à fond ».
Des dizaines de milliers de fidèles étaient présents Place Saint-Pierre, sous un soleil radieux, pour ce premier rendez-vous de Benoît XVI avec la foule depuis dimanche dernier : le pape vient lui-même de faire l’expérience d’une semaine de prière à l’occasion de la retraite annuelle d’entrée en carême.
« Chers frères et sœurs, la prière n’est pas un accessoire, une « option », mais une question de vie ou de mort », a déclaré le pape en italien.
Et d’expliquer : « Seul en effet celui qui prie, c’est-à-dire celui qui s’abandonne à Dieu avec un amour filial peut entrer dans la vie éternelle, qui est Dieu lui-même ».
« Pendant ce temps de carême, ajoutait le pape, demandons à Marie, Mère du Verbe incarné et maîtresse de vie spirituelle, de nous enseigner à prier, comme le faisait son Fils, afin que notre existence soit transformée par la lumière de sa présence ».
Après l’angélus, le pape disait encore, toujours en italien : « Je désire remercier ceux qui, ces derniers jours, m’ont accompagné de leur prière pendant les exercices spirituels. Je vous encourage tous, en ce temps de carême à rechercher le silence et le recueillement, pour laisser plus d’espace à la prière, et à la méditation de la Parole de Dieu ».
Evoquant la liturgie du dimanche, et la lecture du récit de la Transfiguration, le pape disait, avant l’angélus : « En ce 2e dimanche de Carême, l’évangéliste Luc souligne que Jésus est monté sur la montagne ‘pour prier’ avec les apôtres Pierre, Jacques et Jean, et que ‘pendant qu’il priait’, survint ce mystère lumineux de sa transfiguration ».
Benoît XVI expliquait : « Pour les trois apôtres, monter sur la montagne a ainsi voulu dire être enveloppés par la prière de Jésus, qui se retirait souvent pour prier, spécialement à l’aube et après le crépuscule, et parfois toute la nuit ».
« Mais c’est seulement cette fois-là, sur la montagne, qu’il a voulu manifester à ses amis la lumière intérieure qui l’emplissait lorsqu’il priait : son visage – lit-on dans l’Evangile – s’éclaira et ses vêtements laissèrent transparaître la splendeur de la Personne divine du Verbe incarné », ajoutait Benoît XVI.
Puis le pape continuait : « Il y a un autre détail, précisément dans le récit de Luc, qui mérite d’être souligné : l’indication de l’objet de la conversation de Jésus avec Moïse et Elie, apparus à côté de lui transfiguré ».
Benoît XVI proposait cette exégèse : « Ceux-ci, raconte l’Evangéliste, ‘parlaient de son départ (en grec, éxodos), qui allait se réaliser à Jérusalem’. Jésus écoute donc la Loi et les Prophètes qui lui parlent de sa mort et de sa résurrection. Dans son dialogue intime avec le Père, Il ne sort pas de l’histoire, il ne fuit pas la mission pour laquelle il est venu au monde, même s’il sait que pour arriver à la gloire il devra passer par la Croix. Au contraire, le Christ entre plus profondément dans cette mission, en adhérant avec tout son être à la volonté du Père, et il nous montre que la vraie prière consiste précisément dans l’union de notre volonté avec celle de Dieu ».
Benoît XVI proposait cette actualisation de sa lecture : « Par conséquent, pour un chrétien, prier ne signifie pas s’évader de la réalité et des responsabilités qu’elle comporte, mais les assumer à fond, en se confiant à l’amour fidèle et inépuisable du Seigneur ».